Après plus d’un an d’une soi-disant flambée sociale, des centaines de manifestants sont toujours en détention préventive. Ils ont exprimé une volonté de changer et de transformer l’ordre social et politique, basé sur une économie favorable au marché et sur la Constitution héritée de la dictature.
A notre avis, on peut tout simplement les qualifier de prisonniers politiques, si on tient compte de critères doctrinaux les plus exigeants. On leur reproche des actes commis pour des raisons et des buts de contestation sociale et qui visent des changements politiques. Des milliers de jeunes ont été privés de leur liberté à cause des protestations sociales. Les autorités ont déguisé celles-ci en comportements antisociaux, mais la société chilienne suppose qu’il s’agit des prisonniers politiques. Celle qui s’est mobilisée dans les rues pour exiger des conditions de vie décentes et ce qui s’est exprimé dans les résultats du plébiscite.
CODEPU, sur la base de ces considérations tant de forme que de fond, souligne qu’il est urgent de libérer toutes les personnes détenues qui ont participé aux journées de protestation sociale.
Ainsi, sur la base des conditions de leur procès, nous devons conclure qu’ils ont subi un traitement discriminatoire. Celui-ci les rend vunérables et viole les règles d’une procédure adéquate. La présomption d’innocence n’a pas été respectée. Ils ont subi l’application de mesures préventives excessives et la typicité des comportements qui leur sont imputés; des considérations de danger politique ouvert et de reproche probable à leur encontre, y compris dans les décisions judiciaires.
Les prisonniers politiques ont dû faire face à l’ingérence ouverte du pouvoir exécutif qui a lancé des déclarations publiques. Des ministres et des sous-secrétaires ont fait appel aux juges et aux procureurs afin de diriger les processus.
De plus, il y a des problèmes de preuves dans leurs dossiers. Les Carabiniers sont une des principales sources de preuves présentées. Cette institution est sérieusement questionnée, ce qui pose sa refondation.
À même temps, il y a eu une disposition négative ou une obstruction de la part la défense pour l’accès à des points de résolution alternatifs. La typicité des crimes est aberrante, abusive ou excessive. Des périodes d’enquête excessives sont établies comme une forme de punition. Les prisonniers politiques, en plus de subir des conditions d’incarcération dures, ont parfois résisté aux comportements agressifs encouragés par les autorités pénitentiaires.
Nous le répétons, la demande de leur libération anticipée s’appuie sur des questions de fond. Il faut reconnaître qu’il existe une motivation politique dans leurs actions, soit dans le cadre de la dynamique historique des manifestations sociales et populaires. Ils ont ouvert les portes de ce processus constitutif auquel nous assistons aujourd’hui et qui bénéficie d’un soutien majoritaire écrasant.
Selon CODEPU, ce n’est pas juste ni éthique que ceux qui ont été les précurseurs de ce processus soient toujours emprisonnés et souffrent de longues années de prison. Ce sont eux qui ont ouvert la fenêtre aux nouveaux vents qui ravivent le Chili.
La liberté des prisonniers politiques est une tâche urgente.
CODEPU, octobre 2020.