Le 13 avril 2020 | équipe codepu
Le jeudi 9 avril, la huitième chambre de la Cour d’appel de Santiago, présidée par le ministre Juan Cristóbal Mera et composée de la ministre Mireya López et de l’avocat Cristián Lepín, a rendu une sentence dans le cas de la disparition de 17 personnes de la Villa Grimaldi, perpétrée par la Direction nationale des renseignements, la DINA.
Les familles des victimes, en apprenant la nouvelle, l’ont qualifié d’un « verdict aberrant ». C’est l’expression la plus juste en se référant du contenu de cette résolution, une aberration éthico-juridique et historique. Avec cette incongruité du jugement, les victimes méritent plus encore le respect pour leur dignité et leurs conséquences ainsi que les familles qui continuent la lutte pour maintenir la mémoire, la vérité et la justice.
Cette décision est juridiquement aberrante, car elle déclare non coupables aux agents armés de l’État en supposant qu’ils ont agi de manière non préméditée alors qu’ils suivaient, traquaient et enlevaient clandestinement des femmes et des hommes non armés y compris une femme en état de grossesse avancée. Emmenés dans des centres clandestins, les prisonniers ont été soumis à de violentes tortures et par la suite assassinés clandestinement sans qu’ils n’aient jamais la possibilité de bénéficier du droit à la défense. De plus, tout cela s’est fait avec le soutien de tout l’appareil d’État de l’époque.
Il est juridiquement aberrant la violation des traités internationaux, comme la Convention contre la disparition forcée de personnes ou dans la Convention contre la torture, traités qui exigent que les crimes graves contre l’humanité soient punis d’une peine adéquate et proportionnelle selon la gravité du crime.
Il est juridiquement aberrant que la nature des violations des droits de la personne, perpétrés par la DINA n’ait pas été reconnue comme «crime organisé». Il est également aberrant que la collaboration et le consentement clairs des agents dans la participation à ces crimes contre l’humanité ne soient pas reconnus. Nous condamnons aujourd’hui l’acquittement du ministre, Leopoldo Llanos, qui avait initialement condamné ces agents étant complices.
Il est aberrant qu’ils accèdent à des institutions d’impunité, telles que la semi-prescription afin de rendre une apparente peine.
Il est juridiquement aberrant qu’ils ne comprennent pas que les victimes ont subi d’une disparition forcée et qu’ont été séquestrées il y a plus de quarante ans et que jusqu’à présent, toujours portés disparu, leur sort final est inconnu pendant que les auteurs des crimes gardent le silence et continuer à commettre des crimes.
C’est une aberration éthique qui porte atteinte à la valeur de la justice et de la dignité humaine en banalisant ces crimes, avec un côté scandaleux comme celui d’enlever, qui comprennent l’enlèvement, la torture et la disparition forcée d’une femme enceinte, de personnes âgées et d’un professionnel de la santé, tous sans défense.
Il s’agit d’une aberration éthique, il faut le dire, de suggérer qu’ils sont à blâmer en raison de leur militantisme politique, dont on prétend qu’il les a exposés à un préjudice et qu’ils méritaient donc le sort qu’ils ont subi.
Il est une aberration éthique, de suggérer qui les victimes sont à blâmer en raison de leur militantisme politique en conséquence, ils ont été exposés à un préjudice et ont mérité le sort qu’ils ont subi
C’est une aberration historique lorsque la main qui écrit ce verdict répète la conduite que, à l’époque, la communauté internationale a dénoncée et pointée du doigt à la magistrature chilienne pour avoir couvert et facilité des crimes contre l’humanité. Cette conduite a été digne d’un procès lapidaire en venant du Rapport de la Commission nationale de vérité et de réconciliation créée en 1990 et a conduit la Cour suprême à reconnaître et à reprocher à plusieurs reprises la conduite inappropriée du pouvoir judiciaire sous la dictature.
Ce verdict répète exactement la même conduite de l’histoire lorsque ces magistrats ont abrité les crimes de la dictature et rempli le pouvoir judiciaire d’opprobre.
Nous sommes pleinement convaincus que la Cour suprême rectifiera la décision de la huitième chambre de la Cour d’appel. Nous rappelons que les obligations internationales que notre pays a signés obligent l’ensemble de l’État chilien à s’engager et à assumer ses responsabilités, cependant, les dommages causés aux familles des victimes, l’image du pouvoir judiciaire et de la société chilienne dans son ensemble sont déjà irréversibles.
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Avril 2020