Lors d’une audience étendue, CODEPU a transmis ses vues au Sous-secrétariat des droits humains du Ministère de la justice. L’enjeu central: les graves violations des droits humains dans le cadre de la crise sociale et politique que notre pays traverse depuis 90 jours.
CODEPU a demandé cette audience en raison de la visite au Chili d’une délégation de la Fédération internationale des droits humains (FIDH). La rencontre s’est déroulé le jeudi 16 janvier dans les bureaux de cette instance d’état, après avoir été repoussée par les autorités gouvernementales pour diverses raisons.
D’abord, CODEPU a déclaré «que la crise sociale et politique qu’on confronte s’enracine dans un ordre économique politique qui ne garantit pas les droits, ce qui génère des injustices et des inégalités sociales». De plus, la crise accentue l’énorme méfiance à l’égard des institutions de l’Etat et l’accumulation des abus et des tromperies dont sont victimes les peuples qui habitent notre territoire. Et puisque «la crise est politique, des solutions politiques sont nécessaires, des agendas en mesure de transformer et garantir les droits sociaux, économiques, politiques, culturels, environnementaux et non pas des lois qui criminalisent la protestation sociale».
Ensuite, on a indiqué que «les signes de mécontentement sont présents depuis longtemps: les mobilisations dans les régions; celles des étudiants; les conflits environnementaux; les marches contre le système de fonds de pensions; les peuples autochtones qui exigent la reconnaissance. Toutefois, les réponses sont toujours partielles et/ou ne font que reporter les mécontents».
On a informé le Sous-secrétariat des droits humains que depuis le 18 octobre, CODEPU a remis trois rapports sur les droits humains, à la fois au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, ainsi qu’à la Commission interaméricaine des droits de l’homme. À cela s’ajoute tous les efforts déployés pour prêter assitance et soutien aux victimes de violations des droits humains. On l’a aussi informé des plaintes; des moyens de protection en cours de traitement devant les tribunaux; des atteintes graves à la vie et de l’intégrité physique et mentale de la population; de l’utilisation d’éléments dissuasifs dont les composants ont des caractéristiques différentes de celles officiellement reconnues. À cet effet, CODEPU a remis les rapports demandés à l’équipe senior de la Faculté des Sciences de l’Université du Chili en tant que preuves scientifiques.
On a fortement signalé au sous-secrétariat des droits humains qu’il doit promouvoir et certifier la pleine protection et garantie de la validité des droits humains par l’état. Celui-ci doit avoir un rôle public plus actif autour des propositions de lois émanant de l’exécutif. Ces dernières doivent garantir les droits et ne pas les limiter ou criminaliser la protestation sociale. On a exprimé l’inquiétude que «cette instance remet en question des rapports internationaux au lieu de les considérer comme des instruments qui méritent d’être étudiés, analyser leurs recommandations et ainsi promouvoir et garantir pleinement les droits humains».
On a soulevé au Sous-secrétariat la question du nombre de victimes; les politiques publiques de dédommagement à l’étude; la situation des chiffres officiels des prisonniers politiques et leurs conditions de détention. On a souligné la gravité de l’urgence sanitaire: les milliers de personnes blessées par des plombs, des gaz lacrymogènes et des brûlures cutanées. Cela doit impliquer immédiatement des politiques publiques efficaces.
Le chef de cabinet Nicolás Pizarro Juliá a informé sur les coordinations interministérielles dans lesquelles le Sous-şecrétariat intervient concernant les droits humains, ainsi que sa participation à une commission qui débat ce que l’exécutif appelle le Bureau de modernisation des carabiniers. Des efforts sont déployés afin de renforcer les instances qui contribuent à accélérer les processus juridiques en cours. Il a abordé ce qui s’est passé au cours des derniers mois, les personnes arrêtées et blessées. Il a déclaré que le Sous-secrétariat préfère parler des victimes en général. Leurs chiffres se trouvent sur le site Internet du Sous-secrétariat, dans un lien intitulé Informations sur la situation du pays depuis le 19 octobre. En ce qui concerne les détenus, il a souligné que ce seront les tribunaux qui détermineront les libertés ou les culpabilités. Il a déclaré que les commissions sur la vérité étaient des solutions face à une rupture institutionnelle, mais que les institutions fonctionnent aujourd’hui.
Le Sous-secrétariat a égalemment souligné les mesures d’accueil et d’assistance développées pour soigner les victimes, à la fois les cas graves de traumatisme oculaire, ainsi que toute situation qui affecte gravement les policiers.
L’audience a permis à CODEPU de transmettre directement aux autorités son avis sur la grave situation des droits humains des derniers mois. CODEPU a reaffirmé aux autorités qu’il continuera à développer son activité de défense et promotion de ces derniers, afin qu’ils soient publiquement connus.
La délégation du CODEPU était composée de Mariela Santana Machuca, avocate; Hiram Villagra Castro, avocat; Orienta Núñez Serrano, médecin; Andrés Vera Quiroz, membre du directoire; et Raúl Flores Castillo, secrétaire exécutif. Pour sa part, le Sous-secrétariat était représenté par Nicolás Pizarro Juliá, chef de cabinet; Álvaro Williams Vinagre, conseiller du Cabinet. On a convoqué Sandro Gaete Escobar, chef des enquêtes du programme des droits humains.
Équipe CODEPU