Ce fut d’abord Amnistie Internationale puis Human Right Watch, aujourd’hui la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Chacune des organisations internationales qui a publié un rapport sur ce qui s’est passé dans notre pays ces derniers temps est catégorique: au Chili, les droits de l’homme ont été violés.
Toutes les informations recueillies par les défenseurs nationaux des droits de l’homme montrent qu’il y a eu des morts, des blessés, des mutilations, des blessures, des tortures, des abus sexuels, des détenus, des prisonniers, des tirs indiscriminés de gaz lacrymogènes dans les quartiers populaires, un recours excessif à la force et d’autres mesures de contrôle social.
L’explosion sociale qui se poursuit pendant plus de cinquante jours – qui se fonde sur un mécontentement profond à l’égard d’un système politique et économique qui génère d’énormes inégalités et qui favorise la propagation d’abus de toutes sortes – requiert des solutions politiques et économiques transformant efficacement ce système.
Malgré le temps écoulé, les manifestations massives, la baisse considérable des sondages d’opinion et l’indignation exprimée dans tout le pays face aux violations des droits de l’homme, les autorités font fausse route. Elles préfèrent raisonner que l’épidémie est une question d’ordre public, de contrôle de la manifestation, de sanctions plus sévères et de plus de forces de police et éventuellement de militaires dans les rues. Une profonde erreur qui ne garantit que des horreurs.
Les dernières propositions de l’exécutif reprennent le même schéma auquel ont toujours été confrontés les conséquences des inégalités et des abus, comme si les injustices étaient résolues simplement par le dossier d’une plus grande répression et non par la construction d’une société juste et de droits.
Le dernier épouvantail légal approuvé en première instance au Parlement est une véritable aberration juridique. Son approbation est un fait de la plus haute gravité et est évidemment une détérioration de notre coexistence démocratique, précisément motivée et approuvée par ceux qui ont la responsabilité de la protéger. Techniquement, du point de vue criminel, c’est une horreur, du point de vue des droits de l’homme, elle restreint les libertés publiques et le droit de grève. Politiquement, il s’agit d’une loi malhonnête, car sous prétexte de pénaliser le «pillage», le droit de manifester légitimement est pénalisé. Il s’agit d’une loi extrêmement mal formulée, qui ne respecte pas la proportionnalité de la peine. En effet, il établit des peines plus sévères pour les délits plus petits.
La société chilienne est clairement consciente de la gravité des violations des droits de l’homme qui se sont produites depuis le début de la flambée sociale. Les peuples qui habitent notre territoire l’ont subi dans leur propre chair. Cette même prise de conscience de ce qui s’est passé entraîne la conviction que la voie de la répression ne conduit pas à la résolution de la grave crise en cours. La cessation de la répression, véritable assemblée constituante et l’impulsion de mesures transformatrices de l’ordre économique garantissant des droits pour tous, sont au cœur de la voie à suivre.
CODEPU, 7 décembre 2019